Les députés de Lac-Saint-Jean et de Jonquière, Alexis Brunelle-Duceppe et Mario Simard ont tenu à réagir devant les révélations de l’émission Enquête concernant les allégations d’écoblanchiment qui pèsent sur Rio Tinto. Si les éléments soulignés dans le reportage sont plus que préoccupants, les bloquistes appellent néanmoins à la prudence en affirmant que tout n’est pas noir au sujet de l’aluminium vert.
« Personne ne tombe des nues devant les révélations d’Enquête. Tout le monde au Saguenay-Lac-Saint-Jean connais l’existence du lac de bauxite et tout le monde sait que ce procédé industriel à des coûts environnementaux. La production d’aluminium, peu importe où l’on se trouve sur la planète, implique l’utilisation de bauxite et en ce sens les pratiques de Rio Tinto ne sont pas plus dommageables que celles de ses concurrents. L’avantage de notre aluminium c’est qu’elle est produite avec de l’hydroélectricité, ce qui fait de lui l’aluminium ayant l’un des plus faibles empreintes carbones sur la planète. Sans fermer les yeux sur le reportage d’Enquête, l’enjeu pour nous demeure que, depuis trop longtemps, Rio Tinto ne cesse de repousser la modernisation de ses installations, et ce, malgré les avantages dont elle bénéficie. Le déploiement du projet ELYSIS, présenté comme un procédé révolutionnaire capable d’éliminer le carbone, devait débuter en début d’année, mais les travaux ont une fois de plus été repoussés. Actuellement, ce sont les médias qui jouent le rôle de « chien de garde » des engagements et des conditions dans lesquelles l’industrie de l’aluminium évolue au Saguenay–Lac-Saint-Jean, mais est-ce leur rôle ? J’enjoins les élus de notre région à faire preuve de courage pour concrétiser la mise sur pied d’un observatoire. S’il faut soutenir le secteur de l’aluminium dans notre région, encore faut-il le faire intelligemment », martèle le député de Jonquière et porte-parole du Bloc Québécois en matière de Ressources naturelles et d’Énergie, Mario Simard.
Selon les bloquistes, le manque de transparence et la difficulté à obtenir des informations justes sur les décisions de l’entreprise restreignent la capacité des décideurs publics à assurer l’équilibre entre les impacts environnementaux et les retombées bénéfiques pour Saguenay–Lac-Saint-Jean.
« Ce qui m’inquiète le plus, ce sont les récentes décisions concernant les projets régionaux et la requête de l’industrie pour obtenir davantage de fonds publics pour ELYSIS alors que les gouvernements ont déjà investi 160 millions de dollars. Essentiellement, le dossier d’Enquête nous démontre une chose : tant sur la dimension économique qu’environnementale, il y a un manque de communication entre les décideurs publics et l’industrie, et un manque de transparence au sein de la direction de Rio Tinto. Encore une fois, on a la preuve qu’il est plus que temps de recevoir des explications de la part des représentants de la multinationale, mais aussi de rebâtir le rapport de force de la région à l’endroit de l’entreprise qui se joue clairement de nous. On veut tous être des partenaires de Rio Tinto, mais quand on constate ce qui se passe dans les coulisses, on est en droit de s’attendre à des réponses. Sous l’initiative du Bloc Québécois, Rio Tinto viendra comparaître en comité à Ottawa. Et je peux vous dire qu’on ne lâchera pas le morceau pour qu’enfin on ait un mécanisme indépendant afin de suivre les décisions que prend la multinationale dans la région », a affirmé Alexis Brunelle-Duceppe.
« Seule la pression exercée par l’ensemble des acteurs régionaux permettra de faire bouger les choses », concluent les élus bloquistes. Rappelons que la formation politique propose depuis plus d’un an la création d’un observatoire indépendant sur l’aluminium.