Depuis près d’un an, plusieurs experts s’entendent pour dire que la relance économique post-COVID devra servir de tremplin pour réellement s’investir dans la lutte contre la crise climatique. En effet, il s’agit d’une opportunité sans précédent pour revoir nos méthodes et amorcer une véritable transition énergétique.

 

À cet effet, en avril 2020, le premier ministre Trudeau a confié à trois de ses ministres le mandat de produire un plan de relance économique visant à accélérer le virage vert au Canada. Concrètement, le trio composé des ministres Steven Guilbeault, Catherine McKenna et Jonathan Wilkinson, devra donc produire un plan qui permettra de réduire notre dépendance aux énergies fossiles.

 

D’entrée de jeu, nous pouvons saluer l’intention du gouvernement fédéral de participer aux efforts mondiaux de réduction des GES. Rappelons que le Canada a d’ailleurs décrété l’urgence climatique en juin 2019. Ensuite, le 22 avril 2021, le premier ministre du Canada a annoncé, dans le cadre du Sommet des dirigeants sur le climat, un nouvel objectif de réduction des émissions de GES pour le Canada qui vise désormais à abaisser les émissions de 40 % à 45 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005.

 

Il s’agit certes d’un objectif ambitieux, mais c’est par ses actions que nous devons juger le gouvernement libéral.

 

 

Encore plusieurs points d’interrogation

Le budget 2021 déposé par Chrystia Freeland prévoit un investissement de 17,6G$ pour les initiatives vertes. Il s’agit donc d’un vaste chantier pour relancer l’économie canadienne. Toutefois, une part de ce montant est questionnable au plan environnemental.

 

 

1.Mise en valeur de l’hydrogène gris

Le gouvernement du Canada a publié en décembre 2020 une Stratégie canadienne pour l’hydrogène pour stimuler la production de cette source d’énergie.

 

Rappelons toutefois qu’il existe quatre types d’hydrogène distincts (gris, bleu, vert et nucléaire). L’hydrogène vert, produit par l’électrolyse de l’eau, a une empreinte environnementale très faible comparativement à l’hydrogène gris, moins couteux, produit à partir de combustibles fossiles. Compte tenu de notre hydroélectricité, une source d’énergie renouvelable, le Québec serait très bien positionné pour devenir un important producteur d’hydrogène vert.

 

Cependant, lors de leur passage au Comité permanent des ressources naturelles, les représentants du ministère expliquaient que l’objectif de la stratégie était avant tout de stimuler la demande en hydrogène, sans égard à son moyen de production. Ainsi, le gouvernement canadien ne compte pas faire de distinction entre les différents modes de production en fonction de leur empreinte écologique.

 

En d’autres termes, il y a lieu de craindre que ce modèle ne vise qu’à permettre le développement d’une filière de l’hydrogène gris comme débouché aux hydrocarbures dans l’Ouest.

 

 

2.Soutien à l’industrie pétrolière

Le 5 mai dernier, Seamus O’Regan, ministre des Ressources naturelles, annonçait un soutien financier à 16 projets de recherche et développement devant permettre aux entreprises qui exploiteront les gisements en mer de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Selon le ministre, ce soutien de 24,4 millions à l’industrie s’inscrit dans l’objectif d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

 

La liste des projets soutenus par Ottawa permet aussi de constater que le gouvernement Trudeau a prévu du financement pour des projets d’ExxonMobil, Husky Energy et Suncor, trois importantes entreprises de l’industrie pétrolière, notamment dans les secteurs extracôtiers et des sables bitumineux.

 

D’une certaine façon, il faut comprendre que le ministère des Ressources naturelles est le bras armé du gouvernement en matière de politiques environnementales. C’est par les actions de ce ministère qu’on peut évaluer la sincérité du discours en matière de lutte contre la crise climatique. Ici, on constate que la stratégie canadienne vise à d’abord à améliorer les performances de l’industrie pétrolière plutôt que d’essayer de trouver des solutions pour sortir des hydrocarbures.

 

 

3. Développement de l’industrie nucléaire

Encore en décembre 2020, le ministre O’Regan a réitéré son appui au développement de petits réacteurs nucléaires prétextant qu’il s’agit d’un « outil essentiel pour l’atteinte des cibles climatiques du Canada ».

 

Pourtant, des dizaines de groupes s’opposent à cette stratégie, dont les partis d’opposition et des organisations autochtones et environnementalistes. En effet, il s’agit d’une énergie très coûteuse et qui produit une grande quantité de déchets nucléaires.

 

 

Un meilleur avenir est possible

La relance verte ne doit pas être un simple outil de communication pour faire bien paraître le gouvernement libéral. Il ne s’agit pas de faire du greenwashing pour offrir une meilleure acceptabilité aux énergies fossiles. Il faut se tourner vers l’avenir et nous avons des solutions à proposer.

 

Ce qui est frappant du plan de relance libéral, c’est que sous sa forme actuelle, l’industrie forestière est complètement laissée pour compte. Pourtant, il a été démontré à maintes reprises que ce secteur pourrait jouer un rôle fondamental en termes de création d’emploi et de lutte contre la crise climatique.

 

À cet effet, le Bloc Québécois fait huit propositions au gouvernement fédéral :

  1. Mettre en œuvre une politique d’approvisionnement public qui favorise l’utilisation des produits du bois, notamment en établissant l’empreinte carbone comme critère d’octroi des contrats;
  2. Accroître les budgets de recherche fondamentale et développement attribués à la filière forestière, notamment en matière de bioproduits, de construction et de pratiques forestières durables;
  3. Soutenir l’émergence de nouveaux produits à forts potentiels issus de la forêt comme les bioplastiques, les produits biochimiques et les biocarburants;
  4. Développer une chaîne de valeur au Canada pour transformer davantage les ressources forestières en bioproduits au niveau de la seconde et troisième transformation;
  5. Soutenir la diversification des marchés d’exportations de nos produits forestiers et s’assurer que les programmes d’aide bénéficient équitablement à toutes les provinces et au Québec;
  6. Rendre plus flexibles les programmes fédéraux déjà existants, notamment pour permettre aux plus petits joueurs d’avoir accès à du financement;
  7. Identifier les moyens d’accroître la productivité de la croissance annuelle des forêts du Québec;
  8. Que le gouvernement fédéral profite de l’arrivée de la nouvelle administration à la Maison-Blanche afin d’obtenir une pleine exemption de tout tarif sur les exportations de bois d’œuvre québécois à destination des États-Unis.

 

En clair, il est temps d’innover pour amorcer une réelle transition énergétique. C’est déplorable que l’argent des Québécois serve encore à financer l’une des sources énergétiques les plus polluantes sur la planète alors que nous avons tous les outils pour devenir les champions de l’économie verte et servir d’exemple au reste du monde.

 

Si le Québec était un pays souverain, cet argent pourrait servir nos propres intérêts. Malheureusement, à l’heure actuelle, le Canada freine nos ambitions.

Mario Simard

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